Kehl
Kehl est une commune allemande composée d'une ville centre et de
plusieurs anciennes communes rattachées. Elle rassemble près de
35 000 habitants dont 18 250 dans la partie historique
d'avant la réforme des communes des années 1970. Située sur la rive
droite du Rhin au niveau de l'Île aux Épis de Strasbourg, elle dépend du Land de Bade-Wurtemberg et de l'arrondissement
(Kreis) de l'Ortenau.
Incendié au XVIIIe siècle, le centre ville
a été reconstruit sur la base d'un plan en damier.
L'habitat de la commune est réparti entre une ville centre
située au bord du Rhin et des villages (Stadtteile),
intégrés au ban communal lors de la réforme communale entreprise
entre 1965 et 1975 dans les Länder de l'ancienne
République Fédérale d'Allemagne (RFA). Cette
répartition en plusieurs entités urbaines explique l'emploi du
terme de ville centre pour le noyau urbain historique et
central.
Géographie
Kehl se situe dans le fossé rhénan, à environ trois kilomètres de
l'embouchure de la Kinzig dans le Rhin, ce qui en fait une ville
portuaire idéale. Elle se trouve dans l'ancienne zone inondable de
la Schutter, de la Kinzig et du Rhin.
Communes limitrophes
Composition de la ville
Le ban communal de Kehl se compose de la ville du même nom et
dans le cadre de la réforme communale des années 1970 aux communes
de Sundheim, d'Auenheim, de Bodersweier, de Goldscheuer, de
Hohnhurst, de Kork, de Leutesheim, de Neumühl, d'Odelshofen, de
Querbach et de Zierolshofen. Ces quartiers de la ville sont des
anciens villages qui étaient chacun dirigés par leur propre
magistrat et leur propre administration. À ces quartiers s'ajoutent
quelques hameaux ou lieux-dits mais avec qui n'ont que peu
d'habitants et où les délimitations ne sont pas clairement
identifiés. Ainsi l'on trouve les lieux dits de Kittersburg
(Kittersbourg), Kittersburger Mühle (le moulin de Kittersbourg),
Kommissionsinsel (l'île de la Commission), dans le centre de
Kehl : le Niedereich et le Wolfsgrube, Auenheimer Mühle (le
moulin d'Auenheim), Korker Mühle (le moulin de Kork), Ziegelei Kork
(la tuilerie de Kork), tout comme à Honau et le Leutersheimer Mühle
(Moulin de Leutesheim) à Leutesheim.
Situation de la ville
Kehl est une ville de taille moyenne dans la zone d'influence
d'Offenbourg au sein la région du Rhin supérieur. Kehl a des
relations avec les communes voisines de Rheinau et de Willstätt.
Elle est interdépendante de Strasbourg et est de fait le
« quartier allemand » de l'agglomération
strasbourgeoise.
Histoire
Le monument en mémoire de la guerre de
1870-71.
Toni Vetrano, maire de Kehl depuis le
1er mai 2014.
Kehl est mentionné pour la première fois en 1038. En
1333,
un premier pont entre Strasbourg et Kehl fut érigé et dès 1388, une
liaison permanente se mit en place entre les deux côtés du fleuve.
À cette époque Kehl était une composante de la ville de Strasbourg.
Au XVe siècle eurent
lieu trois colonisations, Kehl même (nommé
« Bruckenkopf » ou 'tête de pont en français'), le lieu
dit Mitteldoerfel (quartier qui s'ensuit pour cause
d'inondations des lieux dits Iringheim au sud et Hundsfeld dans la
partie supérieure de l'actuelle Kehl), et le village de Sundheim.
Ces trois implantations étaient liées aux différentes seigneuries
comme les seigneurs De Geroldseck et De Boeklin, De Nassau,
Grohstein et Bock qui se partageaient les droits. En 1497 la moitié
de la ville faisait partie du ban du Margrave de Bade (Grand
Duc).
En 1678 la ville est annexée par la France de
Louis
XIV et considérée comme une section du système de défense de
Strasbourg. En 1681 Strasbourg - en tant qu'ancienne ville libre
impériale du Saint Empire Romain Germanique - capitula et devint
française. De fait, Kehl est transformée en une forteresse en 1683 par
l'architecte français Vauban et l'ingénieur
Jacques Tarade, la citadelle subira trois autres sièges.
« Les têtes de pont de Huningue, de Khell, de Cassel, etc. ont procuré ces grands
avantages à l'armée française pendant la dernière
guerre. »
- Simon François Gay de
Vernon Traité élémentaire d'art militaire et de
fortification2
Ce n'est que plusieurs années après la chute de Strasbourg que
Kehl fut cédée au Margrave de Bade en 1698.
Le 7 mai 1770, Marie-Antoinette fut officiellement "échangée"
entre la France et l'Autriche sur une île du Rhin près de Kehl.
Cette île fut habitée dans les années précédant la Première Guerre
mondiale et fut connue sous le nom de "Kommissionsinsel" (Ile de la
Commission), sous entendu la commission d'échange de
Marie-Antoinette.
Monuments aux morts de la guerre
1914-1918 dans le « Jardin des roses »
(Rosengarten)
La forteresse passa sous le contrôle du Grand Duché de
Bade-Durlach en 1771. À l'est de la forteresse de Kehl, les
habitants de l'ancien village Kehl ont fondé une nouvelle cité,
Kehl ville qui resta une commune autonome jusqu'en 1910.
En 1774, les droits sur la commune de Kehl, à l'intérieur de la
forteresse homonyme furent concédés au margrave Charles Frédérique
de Bade. Après plusieurs échanges entre la France, le pays de Bade
et l'Autriche, les installations fortifiées furent démantelées en
1815 conformément au traité de Paris, mettant fin au Premier Empire
de Napoléon. La ville et le village de Kehl (Sundheim y compris)
appartenaient alors à la circonscription administrative de Kehl,
dont le siège était alors à Kork.
Les premières installations portuaires furent bâties entre
1842
et 1847 par l'administration des chemins de fer Étatiques
de Bade. Avec la construction du pont ferroviaire sur le Rhin en
1861,
il fut possible pour la première fois de relier directement
Paris à Vienne en train. Les nécessaires
changements de locomotives et correspondances s'effectuèrent alors
à Kehl.
Pendant la guerre franco-allemande de
1870 la ville fut à nouveau la cible d'attaques françaises et
subit alors d'importants dommages.
En 1881, le siège de l'administration locale fut transféré de
Kork à Kehl. À la fin du XIXe siècle, dans le but de
protéger Strasbourg contre les Français, un réseau de douze forts
autour de la ville fut bâti par Von Biehler. Le fort Blumenthal à
Kehl Auenheim fut malheureusement détruit pendant la Première
Guerre mondiale. Les deux autres, les forts Bose et Kirchbach
furent dynamités pendant la Seconde Guerre mondiale. Il existe
encore des forts de ce type sur la colline de Hausbergen ou à
Reichstett. Kehl fut occupé par les Français de
1919 à 1930.
En 1924 l'administration de Kehl fut transférée dans le
Landkreis (Canton) de Kehl qui reprit quelques communes délaissées
après la suppression du Landkreis d'Oberkirch.
Après la bataille de France en 1940, lors de la
nouvelle annexion allemande de l'Alsace et de la Moselle, Kehl est
à l'instar des communes de Schiltigheim, Bischheim, Hœnheim, Eckbolsheim, Oberhausbergen, Lingolsheim, Ostwald
et Illkirch-Graffenstaden fondue
dans la nouvelle "Großstadt Straßburg". Ce statut a
perduré après la libération et cet état de fait perdurera jusqu'en
1953
lorsque la ville retrouvera son indépendance vis-à-vis de Strasbourg et sera réintégrée dans le Land du Bade-Wurtemberg en République fédérale d'Allemagne.
Cette séparation s'effectua conformément au traité de Washington en 42 parties
successives du 29
juillet 1949 au
8
avril 1953. Durant cette époque (de 1945 à
1953),
Sundheim était une commune indépendante qui fut réunifiée à Kehl.
La ville et l'ensemble du canton de Kehl furent alors intégrés dans
le giron du sud de Bade, à l'intérieur du Land de Bade-Wurtemberg. Le pont de l'Europe entre
Strasbourg et Kehl fut inauguré en 1960.
Dans le cadre de la réforme de remembrement communal allemand de
1971,
la ville de Kehl franchit le cap des 20 000 habitants. À cette
occasion la municipalité fit une demande de changement de statut en
« Grosse Kreisstadt » (Grande ville-canton), ce que le
gouvernement du Bade-Wurtemberg accepta avec mise en effet au
1er janvier 1972. Avec la réforme des cantons du
1er janvier 1973 le Canton régional de Kehl fut dissous
et son territoire fut intégré dans le Canton (Kreis) de l'Ortenau.
Le rapprochement entre Kehl et Strasbourg fut remis au goût du
jour en 2004 grâce au Festival des Deux Rives. La construction de
la passerelle des Deux Rives crée une
liaison piétonne et cycliste entre les deux entités.
De plus, en partenariat avec la Communauté Urbaine de
Strasbourg, une extension du tram de Strasbourg avec un nouveau pont
sur le fleuve, permettra d'emmener la ligne D du tram de Strasbourg
à la gare de Kehl en 2016 puis à la mairie de la
ville en 20173.
Jardin des deux rives
Passerelle reliant les deux rives
D'avril à octobre 2004, Kehl a accueilli le festival de l'art
paysager (Landesgartenschau), organisé en collaboration
avec Strasbourg. Évènement culturel d'importance en Allemagne, il
attire souvent près de trois millions de visiteurs. Le point
d'orgue de cette manifestation fut l'inauguration du Jardin des
Deux Rives, parc transfrontalier qui fut l'objet d'un concours
remporté par l'équipe allemande Brosk (paysagiste) et Agirbas-Wienstroer (architectes-urbanistes). Le parc, créé sur les deux rives du
Rhin, est doté d'une passerelle en son centre, conçue par
l'architecte parisien Marc
Mimram. Du côté allemand, on décline le concept des floralies
et on présente des technologies liées à l'environnement. Côté français, on insiste
davantage sur une approche artistique et conceptuelle avec 19
« jardins éphémères » sur le thème de l'eau.
Cette manifestation transfrontalière a permis aux officiels de
lancer le processus de constitution d'un Eurodistrict entre la CUS et l'Ortenau, avec la mise en place d'un GLCT (groupement
local de coopération transfrontalière).
Vues de Kehl